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LETTRE XVIII

Paris, 17 janvier 1792.

Je n’ai pas répondu, mon ami, à votre dernière lettre, 1° parce que je l’ai pas pu ; 2° parce que je savais que, sous trois jours , les journaux se chargeraient de répondre à l’un de ses articles principaux , celui qui nous occupait alors , les rassemblemens des réfugiés brabançons à Lille , Douay, etc. Il y a des siècles depuis ce moment, et tout est bien changé. Je vis avec des personnes (et ce ne sont pas celles que vous connaissez) , qui se trouvent, par une position bizarrement favorable, très au fait des affaires des Pays-Bas. Toujours est-il vrai que, depuis un mois, ils m’annoncent, quatre jours à l’avance, ce qui se trouve vérifié par l'événement. Ces gens-là soutiennent que Léopold craint une guerre avec nous , plus que les badauds de Paris ne la craignaient il y a deux ans. Ils prédisent que sa réponse du 10 février prochain sera telle que nous la pourrions désirer , dans le système le plus pacifique ; et je conçois que les mouvemens déjà sensibles dans plusieurs de ses états, et entr’autres dans la Styrie , sont bien capables de l’inquiéter. Mais supposons qu’il veuille agir hostilement dans deux mois , que ferons-nous si, d’ici à ce temps, il parle en