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��OEUVRES

��Je les voi«. respirant sous vos hardis pinceaux,

D'un charme inexprimable animer vos tableaux.

Verlii. sans vous aimer, quel mortel peut vous peindre ? .

S'il en existe un seul, ô Dieu I qu'il est à plaindre !

Sans cesse , en contemplant vos traits majestueux,

Devant son propre ouvrage il baissera les yeux;

En s'immortalisant, il flétrit sa mémoire ,

Et consacre sa honte aux fastes de la gloire.

Mais de ces sentimeiis qui peut vous animer ?

Dans votre àme à jamais comment les imprimer ?

Sera-ce en les portant dans un monde frivole?

A d'absurdes égards il faut qu'on les immole.

Pourriez-vous soutenir, sans dégrader vos mœurs,

Le choc des préjugés, des vices, des erreurs,

Dont la foule en tout temps vous ;issiége et vous presse?

Fuyez : qu'atîendez-vous ? une vaine richesse?

Ce vil présent du sort serait trop acheté ;

Vos cœurs perdaient, hélas ! leur sensibilité.

Cette austère hauteur , ce courage inflexible

Qui porte un jugement sévère, incorruptible ,

A l'homme, aux actions marque leur juste prix.

Et par la vérité sul)jugue les esprits.

Quel est ce malheureux qui d'un encens coupable

Fatigue bicliement un uiortel méprisable?

Ose-t-il dispenser , de ses vénablcs mains,

Ce trésor précieux, l'esliuic des humains ?

Mes amis, jurons tous, dans ce temple où nous sommcs(*),

De ne point avilir l'art de parler aux hommes,

��(*) L'Acadtmie françaÏM- , pour Li(juelle ccl ouvmge a été com- posé en 1765.

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