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126 OliUVRES

Veillez-y bien , réglez tout prompteraent. » On obéit , et le gouvernement , Voyant le peuple abattu de tristesss , Prit le parti d'ordonner l'allégresse, De la payer. On prit l'argent ; ruais quoi '.' On ne rit pas ainsi de par le roi. L'auto-da-fé, merveilleux en lui même , Soutient le cœur, mais ne peut réjouir : 11 faut chercher ailleurs ce bien suprême Et s'adresser à quelqu'autre plaisir. Or , le plus grand , le seul par excellence , Vous devinez, c'est de voir des taureaux Mis en fureur, poussés à toute outrance Par des guerriers, des piqueurs, des héros, Gens vigoureux, bien armés, bien dispos. De ces combats la sublime science Chez l'Espagnol brilla dans tous les temps. Sur Caldérone elle a la préférence : Elle ravit les petits et les grands , La cour, la ville; et sa majesté même Fait grand état de ce talent suprême. Par cent rivaux le prix est disputé : C'est un hommage offert à la beauté. L'Espagnol croit, lorsque son sang ruisselé , Que pour jamais sa maîtresse est fidèle. Chez nous Français, cet argument nouveau Prendrait du poids, en supposant de même. Qu'on ne peut plus, dès qu'on perce un taureau , Être fidèle à la beauté qu'on aime. Chaque pays a son raisonnement; Cervelle humaine est chose singulière. De ma raison votre raison diffère :

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