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Ces sortes de récits sont, pour l'ordinaire, dans la bouche des personnages qui, s'ils n'ont pas un in- térêt à l'action du poème , en ont du moins im très-fort qui les attache au personnage le plus intéressé dans l'événement funeste qu'ils ont à ra- conter. Ainsi, quand ils viennent rendre compte de ce qui s'est passé sous leurs yeux, ils sont dans cet état de trouble qui nait du mélange des pas- sions.

La douleur, le désir de faire passer cette dou- leur chez les autres, la juste indignation contre les auteurs du désastre dont ils viennent d'être témoins, l'envie d'exciter à les en punir, et les divers sentimens qui peuvent naître des diffé- rentes raisons de leur attachement à ceux dont ils déplorent la perte : toutes ces raisons agissent en eux , en même temps , indistinctement , sans qu'ils le sachent eux-mêmes, et les mettent dans une situation à peu près pareille à celle où Lon»in nous fait remarquer qu'est Sapho , qui, racontant ce qui se passe dans son àme à la vue de l'infldé- hté de celui qu'elle aime , présente en elle , non une passion unique, mais un concours de pas- sions.

On voit aisément que je me restreins aux ré- cits qui décrivent la mort des personnages pour lesquels on s'est intéressé durant la pièce.

Les récits de la mort des personnages odieux ne sont pas absolument assujétis aux mêmes règles, quoique cependant il ne fut pas djfiicile

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