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Belton.

L’amour ?…

Mylford.

L’amour ?… Oubliez-vous qu’Arabelle autrefois
Fut promise à vos vœux ? Eh ! vous l’aimiez, je crois.

Belton.

Personne sans l’aimer ne peut voir Arabelle :
Mais quand Mowbrai formait cette union si belle,
Quand cet aimable objet à mes vœux fut promis,
De l’amour, je le sens, il n’était pas le prix.
Votre oncle affermissait une amitié sincère
Qui joignait ses destins aux destins de mon père ;
Mais croyez-vous encor qu’il voulût aujourd’hui,
Après cinq ans passés…

Mylford.

Après cinq ans passés… Quoi ! vous doutez de lui ?
Vous ignorez pour vous jusqu’où va sa tendresse ?
Vos malheurs vont hâter l’effet de sa promesse.
Les charmes d’Arabelle augmentent chaque jour :
Je lirai dans son cœur, il sera sans détour.
Pour vous, voyez mon oncle ; il est d’un caractère
Excellent, sans façon, d’une vertu sévère.
La secte dont il est tranche les complimens ;
Les Quakers, comme on sait, ne sont pas fort galans.

Belton.

Eh ? depuis si long-temps vous croyez qu’Arabelle…

Mylford.

Répondez-moi de vous, je réponds presque d’elle.