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Que vois-je ? Se peut-il ? … mon fils mourant, ô
cieux !


ROXELANE.


Il n’est plus.


SOLIMAN.


Quoi ! Nessir, quel bras audacieux ? …
Zéangir, se relevant de dessus le corps de son
frère.
Pleurez sur l’attentat, pleurez sur le coupable.
C’est Zéangir.


SOLIMAN.


ô crime ! ô jour épouvantable !
Roxelane, à part.
Jour plus affreux pour moi !


SOLIMAN.


Cruel ! Qu’espérais-tu ?


ZÉANGIR.


Prévenir vos dangers, vous montrer sa vertu ;
des soldats désarmés arrêter la licence.


SOLIMAN.


Hélas ! Dans leurs respects j’ai vu son innocence.
Détrompé, plein de joie, en les trouvant soumis,
tout mon cœur s’écriait : vous me rendez mon fils.
Et pour des jours si chers quand je suis sans alarmes,
quand j’apporte en ces lieux ma tendresse et mes larmes.
Zéangir, hors de lui et s’adressant à Roxelane.
C’est vous dont la fureur l’égorge par mon bras,
vous dont l’ambition jouit de son trépas,
qui, sur tant de vertus fermant les yeux d’un père,
l’avez fait un moment injuste, sanguinaire…