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de notre amour pour lui ne prends aucuns soupçons ;
c’est le grand Soliman qu’en lui nous chérissons ;
il nous rend tes vertus, et tu permets qu’on l’aime.
Mais crains ses ennemis, crains ton pouvoir suprême,
crains d’éternels regrets, et surtout un remords.
J’ai rempli mon devoir : ordonnes-tu ma mort ?


SOLIMAN.


J’estime ce courage et ce zèle sincère ;
je permets à tes yeux de lire au cœur d’un père.
Ne crains point un courroux imprudent ni cruel.
J’aime un fils innocent, je le hais criminel :
ne crains pour lui que lui. L’audace et l’artifice
en moi de leurs fureurs n’auront point un complice.
Contiens dans son devoir le soldat turbulent ;
leur idole répond d’un caprice insolent.
Sans dicter mon arrêt, qu’on l’attende en silence.
Tu peux de ce séjour sortir en assurance :
va, les cœurs généreux ne craignent rien de moi.


ALI.


Sur le sort de ton fils je suis donc sans effroi.


ACTE 3 SCENE 4


SOLIMAN, LE PRINCE.


SOLIMAN.


Approchez : à mon ordre on daigne enfin se rendre.
J’ai cru qu’avant ce jour je pouvais vous attendre.


LE PRINCE.


Un devoir douloureux a retenu mes pas ;
une mère, seigneur, expirante en mes bras…