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(le toutes les nations, et de tous les siècles. Toute langue universelle est vague par sa nature; ainsi, en voulant embellir, par son art, la représenta- tion théâtrale , le musicien a été obligé d'avoir re- cours au poète. Non seulement il en a besoin pour l'invention de l'ordonnance du drame lyri- que , mais il ne peut se passer d interprète dans toutes les occasions où la précision du discours devient indispensable , où la langue musicale en- traînerait le spectateur dans l'incertitude.

Le musicien n'a besoin d'aucun secours pour exprimer la douleur, le désespoir , le délire d'une femme menacée d'un grand mallieur; mais son poète nous dit : Cette femme éplorée que vous -voyez, est une mère qui redoute quelcjue catas- trophe funeste pour un fils unique;.... cette mère €st Sara , qui ne voyant pas revenir son fds du sacrifice , se rappelé le mystère avec lequel ce sa- crifice a été préparé , et le soin avec lequel elle en a été écartée; elle se porte à questionner les com- pagnons de son fils^ conçoit de l'effroi de leur em- barras et de leur silence , et monte ainsi , par de- gi'és, des soupçons à l'inquiétude, de l'inqLiiétude à la terreiu- , jusqu'à en perdre la raison. Alors, dans le trouble dont elle est agitée, ou elle se croit entourée lorsqu'elle est seule, ou elle ne reconnaît plus ceux qui sont avecelle; ...lanlot elle les presse de parler, tantôt elle les conjure de se taire.

Dell, parlate: che forzc taccendo. Par pitié , parlez: pent-ôtre qu'en vous taisant.

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