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Il8 ŒUVRES

ment soigneusement caché jusqu'à la fin. L'intérêt ne peut se soutenir que par l'incertitude de ce qui peut arriver , et il s'augmente par le désir et l'impatience qu'on a de l'apprendre.

L'art est de toujours faire croître l'intérêt; mais la première règle, c'est de choisir un sujet, une acîion déjà capable d'intéresser par elle même , et propre à fournir de grands mouvemens, de belles situahons , de grands sentimens , etc.

Ujî poète , dit Dubos , qui traite un sujet sans intérêt , n'en peut vaincre la stérilité : il ne peut mettre du pathétique dans 1 action qu'il imite , qu'en deiix manières : ou bien il embellit cette action par des épisodes , ou bien il change les principales circonstances de cette action. S'il choi- sit le premier parti , l'intérêt qu'on prend à ces épisodes, ne sert qu'à mieux faire sentir la froideur de l'action principale, et il a ma", rempli son titre. Si le poète change les principales circonstances de l'action , que l'on suppose être un événement connu, son poème cesse d'être vraisemblable.

De V intérêt propre à la comédie.

Il faut attacher? dans la comédie comme dans la tragédie : ce qui ne peut se faire que par l'inté- rêt ; mais il n'est pas le même que dans la tragédie. Là , c'est le cœur tout seul qu'il faut intéresser , toucher , émouvoir , attendrir ; dans la comédie , c'est l'esprit , pour ainsi dire seul , qu'il taut

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