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quelque chose de plus dans les tragédies sérieuses, dont il n'inventa pourtant que l'ébauche.

Il y a lieu de croire que, bien qu'un seul acteur parût et récitât , il supposait une action réelle , et qu'il venait , dans les intervalles du chœur , en rendre compte aux spectateurs , soit par voie de narration , soit en jouant le rôle d'un héros, puis d'un autre , et ensuite d'un troisième.

Je suppose , par exemple , que Thespis , ou quel- que autre de ses successeurs, eût pris pour sujet, comme Homère , la colère d'Achille : je m'ima- gine, que son acteur, représentant le prêtre d'xi- polion, venait dire que vainement il avait tâché de fléchir Agamcmnon par des prières et des présens ; que ce roi inflexible s'était obstiné à ne lui pas rendre sa fille Chry séide ; que sur cela Ghrysès implorait le secours du dieu pour se venger.

Dans lui second monologue , le ^même acteur, ou un autre , si l'on veut , faisait entendre qu'A- pollon avait vengé Ghrysès, en répandant sur le camp des Grecs une peste cruelle , qui causait la désolation : selon les apparences, on continuait de même jusqu'à la fin.

Voilà ce qu'on peut imaginer de plus vraisem- blable, en ne supposant, avec Aristote, qu'un ac- teur ; mais , après tout, ces récits d'une action qu'on ne voyait pas n'étaient qu'une espèce de poème épique. En un mot, il n'y a point encore là de vraie tragédie ; il peut au plus y en avoir im léger crayon ; car, outre que le sujet des récits d(?

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