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de Cellamare ; il y reçut encore la visite de cette même mademoiselle de Charolois , et de made- moiselle de Valois fille du régent. Ces deux princesses , qui , en découvrant le secret de leur rivalité , s'étaient portées à de violens excès l'une contre l'autre, se réunirent pour sauver leur amant. Mademoiselle de Charo- lois offrit le sacrifice de sa passion à sa rivale , si celle-ci parvenait à fléchir le régent. C'était un combat de générosité qu'elles eurent le plaisir de voir applaudir au théâtre, quelques années après ^ dans la tragédie à' Inès ^ où Constance fait à Inès le même sacrifice. Mais , par malheur , la situation des personnages français était plus compliquée que celle des personnages de la tragédie. Le père de mademoiselle de Valois était aussi son amant , et la négociation traîna en longueur. Elle réussit pourtant, et le coupable recouvra sa liberté. Il lui fallut voir le régent, être toisé, maltraité de paroles, être appelé ingrat. L'ingrat se justifia de son mieux. Il prétend avoir dit au prince que le penchant des cœur*5 français était de s'attacher aux descendans de leurs rois , plutôt qu'à leurs pai'ens collatéraux ; que la France allait périr st)iis ses indignes ministres ; qu'on lui avait montré avec évidence uneprochaine tenue d'états-généraux, etc. Mais ce qui est remarquable , c'est la fin de son discours. « Au reste , dit-il au régent, puisque le » patriotisme est devemi un crime , puisqu'une » soumission aveugle aux minisires, aux favorites,

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