Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée

n2 OEUVRES

Nous nous arrêterions à ces preuves de fait suf- fisantes pour qui veut réfléchir, si quelques Mé- moires de Colbert, marginés par le roi, el formant une espèce de correspondance entre Louis xiv et son ministre, ne confirmaient ces tristes vérités, et n'achevaient de mettre sous les yeux du lecteur la situation réelle du royaume. C'est d'ailleurs , comme on va le voir, im monument trop curieux à plusieurs égards.

Dans le premier Mémoire , qui a pour objet la réforme des finances, Colbert propose au roi quel- ques diminutions sur les dépenses qu'il faisait pour le château de Versailles ; le roi répond : l-ou^ savez, mon intention su?' Versailles.

Colbert propose, par économie, de diminuer le nombre des prisons royales , dont il démontre d'ailleurs l'inutilité, les inconvéniens et les abus ; le roi répond : Je verrai cet article séparément ; mon autorité exige qu'on ne perde pas de vue ce qui peut la maintenir.

Colbert >oulait obtenir quelques rctranche- mens sur les divertissemens de sa majesté. Il s'a- git de faire passer cet article ; et, pour y parvenir, il déclare qu il a toujours devant les yeux cette belle maxime ( c'est ainsi qu'il la qualifie) : quil faut épargner cinq sous aux choses non nécessaires, et jeter les millions quand il est question de la gloire du roi. En mon particulier ,'iijoute-t-\\ , un repas inutile de mille écus me Jait une peine in- croyable ; et lorsqu'il est question de millions d'or

�� �