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probable que le maréchal , déjà très-vieux , après avoir choisi son historien sans s'informer de ses opinions politiques, après lui avoir ouvert sa bi- bliothèque , après avoir donné ordre à son secré- taire de lui communiquer tous ses porte-feuilles et ses manuscrits , se contenta d'entendre les pre- miers chapitres de son liistoire ; que , l'âge ayant ensuite affaibli sa raison et ne lui laissant vers la fin que des intervalles lucides , le rédacteur , délivré de toute surveillance et entièrement à son aise , s'est cru le droit d'écrire selon ses prin- cipes particuliers , plutôt que d'après ceux du ma- réchal, quoiqu'il le fasse parler à la première personne , conformément à l'intention de M. de Richelieu.

Nous ne chercherons point, à cet égard, des éclaircissemens qui ne peuvent être donnés que par des personnes instruites de ces détails , et intéressées à les publier. Le public veut des faits , des anecdotes , de l'amusement, de l'instruction ; il en trouve dans ces Mémoires rédigés à la hâte, et trop négligemment écrits. Il lui importe peu de savoir comment ils lui viennent ; il pardonnera même au rédacteur de faire parler le maréchal de Richelieu comme M. ïurgot , quelquefois même comme Algernon Sydney. C'est au moins une in- convenance , un défaut de goût : Notandi sunt tibi mores. Venons à l'ouvrage même.

Le maréchal de Richelieu , nommé d'abord le duc de Fronsac, ne sut jamais le jour de sa nais-

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