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54 ŒUVRES

gligé pour opérer ce double effet. M. Godard pré- sente leiableau des injustices , des vexations , des cruautés de presque tous les gouvernemens à leur égard ; et comme ce tableau fait frémir , on oublie un moment que INI. Godard écrit pour les Juifs , et on croirait qu il écrit contre les gouvernemens.

Un des argumens employés dernièrement contie les Juifs, c'est qu'en Pologne ils font labourer la terre par des esclaves chrétiens. IMais en Pologne , les paysans sont à la fois chrétiens et esclaves. Il est tout simple que le Juif propriétaire fasse tra- vailler ses esclaves sans s'informer de leur croyance. Voudrait-on qu^il les gênât sur ce point , qu'il les obligeât à faire abjuration , ou qu'il leur permît de ne pas travailler? Il est vrai que pour fortifier cet argument, on ajoute que pendant le travail des esclaves, les maîtres pèsent leurs ducats et ro£;nent les monnaies. D'abord, l'opération des monnaies rognées est tout au plus le crime de quelques individus ; et quant à l'autre accusation, il n'y a pas plus de mal à peser son argent qu'à le compter. Ces embelli ssemens oratoires étaient donc pour le moins inutiles : Ornari res ipsa Jiegat.

On va jusques à calomnier leur religion mère de la notre, et leur morale pure comme celle de toutes les religions. L'auteur expose les dogmes et les maximes des Hébreux; toutes sont égale- ment irréprochables ; et l'une de ces maximes est de respecter leurs instituteurs autant que leurs pères.

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