Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/453

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CHAMFOlîT. 4^9

qui arriva. Il dit un jour à Voltaire, que, si le mi- nistère de France, qui paraissait flotter entre la guerre et la paix , et prêt à entrer en composition a\ec tout le monde, voulait faire une démarche décidée en déclarant la «uerre à l'Angleterre , il était prêt, lui, à marcher en Bohème avec cent mille hommes. C'est là cette parole que Voltaire m>ait arrachée au roi de Prusse, suivant l'expres- sion du comte de Maurepas, et il me semble qu'elle était assez importante. Elle ne fut pas vaine; car, sur cette assurance, la guerre fut dé- clarée aux Anglais; et Frédéric, avec qui la France traita de nouveau , entra en effet dans la Bohème et dans la Moravie.

Si Voltaire s'était cru pour cela un homme d'état, sans doute il aurait eu tort : il est plus que probable que Frédéric devina sans peine la mission secrète du poète, et qu'il ne fut pas fâché de lui parler de manière à encourager la France à traiter de nouveau avec lui pour un intérêt commun ; mais enfla , c'était un service réel que Voltaire avait rendu, qu'il était plus que tout autre à portée de rendre sans compromettre la cour ; et s'il n'en fut pas récompensé , comme tant d'autres l'ont été pour avoir fait moins , c'est qu'un changement dans le ministère et la mort de madame de Châteauroux ne permirent pas qu'on pensât à lui.

A l'égard des talens d'un homme d'état, on voit bien que T\ïaurepas se flatte de les avoir ,

�� �