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sont parmi les moutons; c'est-à-dire pour se mettre à la tête du troupeau et le mener : on sait ce qu'ils sont devenus, et chacun est à portée d'apprécier leur caractère.

Si l'on veut avoir une idée de toute la bêtise de l'esprit de parti , il faut lire, dans ces Mémoires, la calote faite au sujet des miracles du cimetière de Saint-Médard. On croirait d'abord que c'est pour s'en mdquer ( et le champ était vaste ), point du tout; c'est pour en parler du ton de l'admira- tion la plus niaisement sérieuse : double ineptie ; car ce sérieux forme une disparate également ri- dicule avec le sujet et avec le genre. Que dire des convulsionnaires de Saint-Médard, distribuant des brevets de folie ( car c'est ce que signifiaient les calotes ) ? Ne sont-ce pas les Petites-Maisons assemblées pour rendre un arrêt en forme contre le bon sens ? et c'est ainsi que M. de Maurepas s'imagine qu'on formait l'esprit public !

Ces Mémoires offrent , à toutes les pages, des preuves, non-seulement de son peu de discerne- ment et de goût , mais même du peu de connais- sance qu'il avait de la langue, défaut ( on doit l'avouer ) assez rare à la cour, où l'on se piquait à un certain point de parler du moins passable- ment. «M. de Tessé ( dit-il ), sans être un sot, était » bien \un des bonnes gens de son temps en fait )) de spiritualité. » Peu de courtisans auraient ignoré que , quoiqu'on dise fort bien un homme spirituel , le mot de spiritualité ne s'applique ja-

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