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teste au comte de Maurepas ses Mémoires : ils sont écrits avec une telle négligence et en si mauvais langage, qu’il n’y a personne qui n’ait pu les faire : ils ressemblait assez, pour le style , au grand livre de madame Doublet^ et aux Mémoires de Bachaumont ( dont on a fait depuis les Mémoires secrets ) ; mais il y a cette différence essentielle que ceux-ci, rédigés par quiconque apportait sa nouvelle , ou , faute de mieux , par un valet de chambre du vieux président de Bachaumont , sont remplis de sottises et de faussetés, et que les Mémoires de Maurepas, quoique roulant, le plus souvent, sur d’assez petits objets , sont du moins l’ouvrage d’un homme qui voit les choses de près, et qui sait d’origine ce que le public ne sait qu après et avec le temps. Ils sont donc, sous ce point de vue, . très-curieux : on peut d’ailleurs s’assurer de la véracité de l’auteur, en rapprochant son récit de beaucoup d’autres Mémoires que nous avions déjà sur la fin du règne de Louis xiv, sur la régence, sur le règne de Louis xv; époques qui nous sont aujourd'hui , grâce à tant de secours , assez bien connues jusques dans les détails les plus secrets, pour qu’il soit facile à présent d’en faire une histoire aussi fidèle qu’instructive.

Ces Mémoires ont un autre avantage, c’est de faire bien connaître leur auteur, et de confirmer l’opinion qu’il laissa de lui, lorsque, rappelé au gouvernement par un hasard imprévu et sans exemple , dans un âge qui est celui de l’expérience

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