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qu'il ne réservait qu'à leur mémoire. Mais il faut avouer que celle de Rousseau en parut avilie. L'aveu d'une bizarre disposition au larcin, de l'abandon d'un ami délaissé au coin d'une rue, d'une calom- nie qui entraîna le déshonneur et la ruine d'une pauvre domestique innocente, la révélation de toutes les fautes d'une jeunesse aventurière expo- sée à tous les hasards que poursuivent l'indigence, enfin le coupable et systématique égarement d'un père qui envoie ses cinq enfans à l'hôpital des enfans trouvés : voilà ce qu'apprit avec sur- prise une génération nouveiie, remplie. d'admi- tion pour Rousseau , nourrie de ses ouvrages , non moins éprise de ses vertus que de ses ta- lens, qui, dans l'enthousiasme de la jeunesse, avait marqué les hommages qu'elle lui rendait , de tous les caractères d'un sentiment religieux. C'est de cette hauteur c[ue J.-J. Rousseau descen- dit volontairement. Nous ajoutons ce dernier mot, parce qu'en effet, comme l'observe très- bien M. Ginguené, plusieurs de ces fautes étaient ignorées, et pouvaient rester ensevelies dans l'obs- curité de sa malheureuse jeunesse, parce qu'il pouvait se permettre une demi-confession , rédi- gée avec cette apparente franchise qui en impose beaucoup mieux qu'une dissimulation entière, et que la postérité, prenant désormais pour règle ce qu'il aurait avoué dans ses Mémoires, eût mis le reste sur le compte de la calomnie.

L'auteur de ces lettres entre ensuite dans le

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