Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t3.djvu/383

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CHAMFOÎIT. 0^9

une calamité pour ses concitoyens à Compiègne , fut ressentie douloureusement , même dans la capitale , quoiqu'cccupée alors des plus grands intérêts. En le voyant pleuré ou regretté par ceux qu'il avait servis sur un théâtre si resserré , on fut touché de la mort prématurée d'un jeune homme qui donnait de grandes espérances à la patrie. Honoré à Compiègne de deux éloges pu- blics , un ami a senti le besoin de rendre un troi- sième hommage à sa mémoire. M. Chahanon , lié avec lui par les mêmes principes, par la passion de la liberté et de l'égalité qui les animait l'un et l'autre , a répandu quelques fleurs sur la tombe de son ami.

Après avoir fait valoir les actions pr.bliques du jeune LeFéron, il le fait aimer en révélant tons les sentimens honnêtes qui ne se manifestent guère qu'aux yeux de l'amitié. Tel fut , entr'autres , l'empressement avec lequel le jeune Le Férou satis- fît au décret qui abolit la noblesse. « H avait , dit M. Chahanon , l'instinct naturel de l'égalité ; et le décret qui l'établit entre les citoyens , ne fit que promulguer une loi déjà reconnue et sanctionnée dans le fond de son cœur. » Cependant Le Féron était dominé d'une grande ambition , et cette pas- sion fut le mobile de sa vie entière.

« Quel est donc, dit M. Chahanon, ce sentiment si puissant , qui obtient de l'ambition l'abnégation volontaire d'une distinction telle que la noblesse ? Quel est ce sentiment ? Une humanité éclairée ,

�� �