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L’éditeur a enrichi sa collection des meilleurs discours prononcés dans le parlement d’Irlande et dans le congrès américain. Il y a joint diverses adresses, proclamations, etc., publiées dans les occasions les plus importantes. Il semble qu’il ait cherché à former un cours d’éloquence à l'usage de la liberté.

Qui croirait après cela que ce recueil fût l’ouvrage d’un ennemi de la révolution ? C’est ce qu’on aperçoit avec surprise à la lecture de sa préface. Il y règne un ton d’aigreur qui perce de phrase en phrase, et qui finit par ne pouvoir plus se contenir. Comment , occupé plus ou moins des idées anglaises et américaines, au moins pendant qu’il les traduisait en langue Française, a-t-il pu descendre jusqu’à ce sophisme trivial , qui consiste à imputer à la liberté les désordres inévitables à sa naissance, à invectiver contre des abus passagers, comme contre des calamités durables.

Est-ce le traducteur des lettres de Washington et de Hancook, qui devait faire cette description de l’état de la France avant 1789 ? « La France « riche de son sol , de sa position , de sa population, résistait aux abus; la noblesse partageait » la souveraineté; le clergé s’était souvent mis » au dessus; le peuple avait ignoré longtemps qu’il » était malheureux, ou croyait qu’il était né pour » l’être. Quelques livres remplis de vérités amères contre les traitans, consolaient leurs victi-