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cabaret ou dans des orgies domestiques. C'est après a^ oir répété ou parodié ses plaisanteries sur les papegots, cardingots, cvegots, qu'ils en- voyaient acheter à Rome le droit d'épouser leurs cousines , qu'ils devenaient les instrumens d'un cardinal de Lorraine , d'un du Perron , d'un Pel- levé, et qu'ils suivaient des moines en proces- sion pour remercier Dieu du succès de la Saint- Bartliélemi. Tel noble ou bourgeois bien joyeux, bien goguenard, qui savait Piabolais par cœur , finissait par déshériter sa femme et ses cntans , pour donner sa terre aux monegots ou aux moines les plus moinans de toute la moine rie. C'était le bon temps, le siècle de bonhomie, de la vraie «aîté française. On conçoit qu'il v eut des fijens qui devaient trouver cela très-gai.

Rabelais a, comme on sait, deux réputations , celle d'un bon plaisant plein de philosophie, et celle d'un bouffon ivrogne et grossier, toutes les deux méritéi s presqu'également. L'auteur de cet écrit agréable et ingénieux, M. Ginguené, a soin de ne nous faire voir Rabelais que du beau côté ; c'était le seul moyen de le faire accueillir en ce moment par des lecteurs dun goût délicat. Tout en accusant notre goût trop timide, no- tre fausse décence, il a eu soin de le ménager. Lui-même convient qu'il ne s'est laissé ennuyer qu'une fois par ce qui est extravagant, obscur à dessein, obscène sans gaîté, trivial et insignifiant; il n'a conservé que les traits d'une satire ingé-

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