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'^21 OEUVRES

être roiivragc (le {quelques individus. Et en effet, quel ai^iie niotif que le sentiment d'un intérêt commun peut rassembler autour d'eux leurs égaux et la majorité du peuple? On cite en preuve de l'illusion qu'on peut faire à la multitude, plu- sieurs exemples pris dans l'histoire grecque ou ro- maine , ou même quelques exemples plus mo- dernes; mais on oublie la prodigieuse différence des temps, des lieux, des mœurs, etc. , etc. On oublie sur-tout ce moyen puissant qui manquait aux anciens, l'imprimerie qui , en peu de jours et à de grandes distances, rallie les esprits à la raison, à la cause publique , dissipe les illusions, détruit les erreurs, les mejisonges, les calomnies qu'elle - même avait d'abord propagées ; enfin amène cet instant où , les choses se substituant aux hommes, les petits ambitieux se trouvent bientôt démasqués, et où l'ambitieux, doué de ^énie, se voit contraint de fonder sur l'intérêt gé- néral le succès de son ambition.

A l'égard des peuples modeivues , à qui l'impri- aiierie n'a procuré (pi'une liberté imparfaite, ache- tée par de longs troubles ou par de grandes cala- mités, il faut considérer que la conquête de la liberté y fut essayée dans un temps où la raison publique n'était pas assez avancée, et lorsque les priiicijx's constitutifs d'un ordre social utile à tous , ne brillaient point d'une lumière qui put attirer tous les yeux. C>cLle lumière brillait jiour rAméri<|ue à l'épocpie d(> sa révolution ; la France,

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