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importaus que les coopérateurs d'un de ces grands hommes, membres dune petite société fondée* par lui , dans une ville de l'Amérique septen- trionale , étaient de petits artisans , des gens de métier, un menuisier, un commis de marchand, un arpenteur , un clerc de notaire , un cordon- nier , qui s'avisaient de mêler la culture de leur raison à leurs travaux journaliers , et dont quel- ques-uns avaient de profondes connaissances dans les mathématiques. Voilà des moeurs dont presque aucun Français n'avait l'idée : et de nos jours même , combien d'entre eux s'étonnaient en ap- prenant que Genève et la Suisse offraient ce mé- lange de la culture des sciences et de la pratique des métiers les plus vulgaires? C'est pourtant le spectacle que la France présentera presque par- tout dans un assez petit nombre d'années ; et ce changement sera l'effet, non seulement de la ré- volution dans les idées , mais de la nature des choses , et de la nécessité qui forcera les lionnnes à faire usage de tous leurs moyens de subsistance, sans avoir à combattre d'absurdes préjugés qui n'existeront plus , ou qui i-endront ridicu'e la classe de citoyens où ils pourront se conserver.

Les Mémoires de Franldin seraient encore re- commandables, quand il n'eût été qu'un citoyen obscur , un bon j^èi'e traçant à ses enfans le ta- bleau de sa vie, et leur montrant , par son exem- ple , tous les fruits qu'on peut tirer de l'emploi du temps, de la sobriété, de l'industrie, de la vi-

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