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îante réputation que lui donnèrent ses décou- vertes en physique, ces Mémoires n'exciteront pas moins la curiosité des lecteurs avides de con- naître les détails de la vie d'un grand homme. Cette carrière de gloire ouverte sous des auspices si humilians aux yeux de l'orgueil européen ; le futur législateur de l'Amérique, entrant de nuit dans Philadelphie, sans savoir où coucher, man- geant un morceau de pain le long des rues, dans une ville où , cinquante ans après , son nom de- vait être l'objet de la vénération publique ; un garçon d'imprimerie destiné à devenir un des au- teurs de la liberté dans sa patrie et l'un de ses héros dans une partie de l'Europe ; voilà ce qui eût paru impossible au commencement du siècle , et ce qui n'est qu'admirable à la fin. C'est un plaisir de se représenter l'étonnement de nos grands d'Europe, vers l'année iG7o,si un esprit prophétique , leur annonçant les desti- nées de Franklin et de J.-J, Rousseau , leur eût dit : « Deux hommes de la classe de ceux que vous nommez gens du peuple , pauvres , dénués jusqu'à coucher à la belle étoile; l'un, après avoir fondé la hberté dans son pays ; l'autre, après avoir posé les premières bases de l'organisation sociale, auront l'honneur d'avoir, à coté l'un de l'autre , ou en regard, une statue dans le temple de la li- berté.... française , à Paris. » Ces deux derniers mots n'eussent point paru faciles à expliquer. La surprise n'eût point diminué , si on eût dit à nos

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