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DE CHAMFORT. 5l5

était une hardiesse philosophique en 1768 : aussi fallait -il un peut-être pour la faire pas- ser.

Le tableau des mœurs de Rome est et devait être , vu le talent de Duclos , le morceau le plus intéressant de ce voyage. Il y porte le coup d'œil d'un Français , qui rend saillant tout ce qui se trouve en opposition avec nos idées ; et déjà cette opposition se marquant de jour en jour davan- tage , tous les excès de la superstition , les abus qu'elle entraîne, le monachisme , les secours in- directs offerts à la mendicité , l'orgueil et l'igno- rance des grands , le mépris des lois , leur im- puissance à protéger le peuple , sa misère , la férocité qui en est la suite , etc. , tout cela est peint avec la brusque vivacité particulière à Du- clos. Les anecdotes forment ses pièces justifica- tives. En voici une d'un genre qui paraît presque incroyable. L'auteur développe plusieurs effets de ces abus de crédit , poussés à un excès mons- trueux, et pour qui il a fallu même créer un mot prepotenza : abus en vertu duquel un coquin , protégé par une éminence , est à l'abri des pour- suites de la justice, dans la franchise du palais de son protecteur. Pendant la guerre de 1745, l'empereur François i^"^ ayant été couronné à Francfort , une partie du peuple vouée à la fac- tion autrichienne s'avisa d'aller sous les fenêtres des ambassadeurs de France et d'Espagne , alors ennemies de l'Autriche , témoignant sa joie pac

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