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et laisserait encore plus de place au soupçon d’une ruse diplomatique, qu’à celui d’une pareille trahison. Comment imaginer que le roi George, chef d’une maison nouvellement établie sur le trône d’Angleterre, eût osé jouer ainsi sa nation, avec bien plus de risques que n’en courait Alberoni en négligeant l’intérêt de l’Espagne ? Il est bien plus probable qu’on n’avait pas dessein de remettre vraiment Gibraltar à Philippe V, et que le cabinet de Londres, par une de ces ruses ministérielles si communes, tenait en réserve quelque moyen d’éluder sa promesse.

Nous avons eu de si fréquentes occasions, en rendant compte des Mémoires de Richelieu, de passer en revue les événemens et les personnes les plus connues à cette époque, que nous éprouvons une sorte de dégoût à revenir sur les mœurs et sur les idées qu’elle présente. Nous étendons cette réflexion au ministère de M. le duc, et aux premières années du cardinal de Fleuri, les seules dont Duclos ait écrit l’histoire. Mais nous croyons devoir recommander à nos lecteurs un morceau très-intéressant sur la Russie et sur le czar Pierre, composé sur des Mémoires dont il garantit l’authenticité. Ce morceau épisodique trouve sa place sous le ministère de M. le duc, à l’occasion de l’embarras où l’on fut de marier Louis XV après le renvoi de l’infante. Catherine Ire, impératrice de Russie, fit offrir, pour épouse du jeune roi, sa seconde fille, la princesse Élisabeth, qui régna