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DIÎ CHàJIFORT. 3or

gent fit porter au procureur général cent mille livres en argent et autant en billets, pour en aider ceux qui en auraient besoin. Le premier président eut une somme encore plus forte pour soutenir sa table, et tira, à diverses repr<ses plus de cinq cents mille livres du régent; de sorte que la séance de Pontoise devint une vacance de plaisir. Le premier pi-ésident tenait table ouverte, l'après midi tables de jeu dans ses appartemens, calèches toutes prêtes pour ceux et celles qui pré- féraient la promenade; le soir, ini souper somp- tueux poiu- toutes les jolies femmes et les hommes du bel air, qui, dans cette belle saison, venaient journelletnent de Paris , et y retour- naient la nuit. T^es fêtes , les concerts se succé- daient perpétuellement : la route de Pontoise était aussi fréquentée que celle de Versailles l'est au- jourd'hui : « Il n'eût peut-être pas été impossible d'y amener le régent ». Ce dernier trait est un ex- cellent coup de pinceau. Duclos en a plusieurs de cette espèce. C'est ainsi qu'à propos de i'abbesse de Fonte vrauJt, sœur de madame de Montespftn , qui paraissait fréquemment à Versailles , et qui venait montrer son voile et sa croix dans cette cour de volupté, il dit : « Personne n'y trouvait d'indécence; et l'on en aurait été édifié, si le roi l'eût voulu ». Ce mot ne paraîtra exagéré qu'à ceux qui ne connaissent pas à fond l'esprit de ce temps . « Quelques-uns des courtisans , poursuit Duclos, n'osaient pas même juger intérieurement

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