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29S CœUVRES

crets , et ne pouvait se retrouver dans XHislob^e de Louis xi : c'est que l'auteur s'était déplacé. 11 a écrit les Mémoires de Louis xiv et de Louis xv avec le talent qu'il tenait de la nature ; et il avait composé l'Histoire de Louis xi avec le talent au- quel il prétendait. Cette différence, en marquant celle de leur mérite, semble présager celle de leur succès.

La révolution, loin de nuire à cet ouvrage, semble lui attacher un intérêt nouveau. Il est écrit, sinon dans les principes cpii ont prévalu, au moins dans les idées de liberté qui ont pré- paré la victoire de ces principes. Duclos mérite à cet égard une place distinguée parmi les gens de lettres de la génération précédente. Il pensait et s'exprimait en homme libre : c'est ce ton qui a fait en partie le succès dé son livre des Consi- dérations sur les Mœurs. On le retrouve dans ces Mémoires. Louis xiv, son règne, ses ministres, ses courtisans y sont jugés d une manière qui eût semblé bien étrange, bien audacieuse, si ce mor- ceau eût paru à l'époque où il fut composé. On eût, pour le moins, trouvé qu'un historiographe prenait un peu trop le ton d'im historien. Il y avait là de quoi faire tort à sa place : Voltaire, qui l'avait quittée sans doute pour exercer plus librement l'emploi d'iiistorien, n'use point de ses droits dans son Siècle de Louis xiv, aussi libre- ment que Duclos dans ses Mémoires. Il est aisé de sentir les raisons de cette différence : Voltaire

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