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faisaient, était sa récompense. C'étaient les mêmes mœurs que jadis un autre vieiilard avait affi- chées sous la régence, et avait conservées, ainsi que sa santé, jusque dans un âge où les autres hommes touchent à la décrépitude ; et Richelieu était , à cet égard , le Lauzun de son siècle.

•Cependant une légère incommodité l'ayant averti qu'il vieillissait, il se maria , calcul bien entendu, qui intéressait à sa conservation ruie femme vertueuse dont les soins prolongèrent pro- bablement sa vie.

Le plaisir de contrarier son iils, et ia singula- rité d'avoir été marié sous trois règnes, entrèrent, dit-on , dans ses motifs ; mais il suffisait d'un égoïsnae bien conçu , au moins dans cette occasion, tel que Richelieu avait dès long-temps arrangé le sien.

Madame de Richelieu pouvait,se flatter de fixer son époux : c'est ce qui fut impossible. ïi fut in- fidèle, même volage, à quatre-vingt-cinc[ ans. Il fit plus, c'est-à-dire pis : on le vit balbutier de vils hommages à ces beautés ambulantes, opprobre et scandale des grandes villes ; et le rebut des pas- sans ne fut pas toujours le sien. C'était, au reste , le seul chagrin qu'il donnait à son épouse , pour laquelle il montra toujours les plus grands égards: à moins qu'on ne compte pour des chagrins ( et c'en était sans, doute un très -grand pour une personne aussi honn%e ), de voir son mari se permettre, par habitude, des injustices odieuses .

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