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DE CHA.MFORT. iGy

quelque peine à concevoir ces scandales authen- tiques , prodigués gratuitement , sans prétexte et et sans objet. Trois puissances gouvernent les hommes: le fer , l'or et l'opinion ; et quand ie des- potisme a lui-même détruit cette dernière , il ne tarde pas à perdre les deux autres.

JNous rompons un peu trop souvent le (il des événemens publics, et nous donnons tro[) d'at- tention à la partie morale du dernier règne. Reve- nons à M, de Richelieu qu'on trouve partout , et jusqu'aloi's presque toujours brillant.

Il le fut surtout à Fontenoi ; et, quoiqu'aient ])u dire ses ennemis, ainsi que ceux de Voltaire, qui accusaient ce dernier d'immoler à son idole la gloire du maréchal de Saxe , il paraît qu'on ne peut hd refuser l'honneur du conseil qui déter- mina le gain de la bataille. Cette idée d'entamer avec du canon la colonne anglaise, paraît d'ailleurs si simple, qu'on ne peut attribuer qu'à la mala- die du maréchal de Saxe l'oubli d'un pareil ordre. Le courage de Richelieu , égal à sa présence d'es- prit, le précipita dans les premiers rangs de la colonne éclaircie par le canon ; et c'est là un des beaux momens de sa vie.

Il est peut-être, de tous les Français, celui qui a rendu le plus saillant ce bizarre contraste du courage d'un guerrier intrépide et des mœins de ïanzai : Lawfeldt lui vit déployer la même bra- voure et la même inteUigence. Sa réputation mili- taire devint alors assez grande pour que les Génois .

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