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s'attachèrent de préférence à la littérature d'agré- raent , aux arts d'imagination , tandis que le des- potisme retenait dans l'enfance la raison des peuples. Il est heureux pour l'humanité que le despotisme n'ait pu soupçonner les rajiports secrets qui lient ensemble toutes les connaissances humaines , conduisent de l'une à l'autre , dévelop- pent en tout sens la raison applicable à tout , et finissent par éclairer d'une lumière égale toutes les parties de l'entendement. Si ces rapports eussent été saisis par les dépositaires du pouvoir , il est probable que les arts d'agrément , au lieu d'être encouragés , seraient devenus odieux aux tyrans de toute espèce, comme l'a quelquefois été la philosophie. Alors un sonnet ou un madrioal eussent obtenu les honneurs de la persécution comme un système philosophique j et Voiture ou Sarrasin auraient eu la destinée de Baylc et de Descartes.

Mais nous voilà bien loin de la Sorbonne ; pas trop pourtant, puisqu'il s'agit de persécution, et qu'en ce genre la Sorbonne a joué un assez beau rôle. C'est ce qu'on verra dans l'ouvrage de jM. du Vernet. Les fohes, les absurdités, les crimes nés de cette fureur d'argumentation théologique, se trouvent rassemblés sous ce titre Histoire de la Sorbonne^ à peu près comme on désigne tout un canton par le nom de son chef-lieu. Cette manie des subtilités scolastiques exista dans une anti- quité très-reculée. Ce fut la maladie des anciens

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