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Di: CIIAMFORT. jGy

chante qû inspire ce sentiment. C'est le mérite qu'on avait déjà remarqué dans les comptes ren- dus des années précédentes , et qui est encore plus remarquable dans celui de ) 789, dont il est ici question.

L'auteur fait d'abord sentir , et malheureuse- ment porte à l'évidence , que la société consomme le pauvre comme une denrée ; qu'elle fait elle- même les mendians qu'elle pmiit ; que tous les arts , sans en excepter l'agriculture , dévorent en moins de trente ans les machines vivantes dont ils s'emparent ou qui végètent à leur solde; que tous les hommes livrés aux travaux de la campagne , ou occupés des métiers les plus nécessaires, con- tractent des maladies habituelles avant VaL^ie de cinquante ans. Ainsi , l'âge des besoins est pour tous l'âge de la détresse. Voilà ce que n'ont pas voulu voir ceux qui jusqu'à présent ont écrit sur le peuple. Su?' le peuple , c'est le mot qui échappe à la plume de M. de Montlinot , et il signifie les mendians. Hélas! jusqu'à présent, ce sont presque des mots synonymes , dans un pays où tant de milliers d'hommes meurent dans une mendicité acquise par le travail ^ autre expression énergique et affligeante de M. de IVIontlinot. Tel est l'excès de la misère , et il ^rait encore plus grand , si le remède n'était pas dans le mal même , si les dix- neuf vingtièmes des gens sans propriétés ne mouraient pas avant le temps.... C'est le remède , c'est là ce qui soulage l'administration d'un poids

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