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DE CHAMFORT. I G3

sur ce dernier mot. Sans doute iî a voulu dire : telle a été trop long-temps notre nation. Il ne veut pas dire sans doute que notre natioij est con- damnée, par son caractère, à luie frivolité éfer- nelle, à une incurable futilité. Il sait trop que les nations sont ce qu'elles doivent être, par leur gou- vernement, leurs institutions, leurs circonstances antérieures; et que ce n'est pas une bonne ma- nière de corriger les hommes, c[ue de vouloir leur prouver qu'ils sont incorrigibles par leur nature : c'est ce que les partisans du despotisme essayè- rent pourtant de nous persuader. « Français, vous êtes frivoles , inconséquens et nés pour toujours l'être. Ne vous mêlez point de vos affaires ; mettez dans nos mains le bout de vos chaînes; et puis, riez, chantez, le reste nous regarde. Laissez- vous conduire par nous qui sommes profonds et consé- quens, quoique Français.» Cette doctrine a prévalu long-temps, mais elle ne réussira plus. Une saga- cité médiocre suffit pour prédire que, dans vingt ans, ces mots : voilà bien notre nation! seront pris dans un sens beaucoup plus favorable et plus obligeant pour elle.

Ce petit écrit est terminé par le récit d'une aventure intéressante et vraiment arrivée. Les personnages sont trois curés, dont l'un était mort depuis peu. Il est remplacé par le curé d'un village, situé dans le même diocèse, mais à une assez grande distance. Ce second curé, homme vertueux , et chéri de ses paroissiens depuis vingt.

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