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malianité. Ces M^iiioires sont vraiment rouvra£,2 de celui dont ils portent le ii^om. On se rappelle la brillante et rapide fortune du comte de Parades pendant la derîùère guerre. On vit un jeune homme, d'une naissance équivoque et incertaine, entré au service à i5 ans , élevé en deux ans au qrade de colonel avec des pensions sur trois dé- ])ai'temens, paraître à la cour avec tout l'extérieur t!e l'opulence , être présenté au roi , et prêt à monter dans les carrosses de leurs majestés. Mais tout cet éclat fut un beau songe, aussi court au'il a\ait été l)rillant : le réveil en fut très- fô- cheux.

Cet liomme singulier, que des talens, ou, si Ton veut , des qualités peu communes , tirent de la classe des aventuriers vulgaires , fut niis à la Bastille. On le soupçonnait d'avoir, par un double espionnage, servi l'Angleterre au moins aussi bien qu(; la France. Il paraît que ce soupçon était fort injuste , puisque M. de Parades fut relâché après une détention de quatorze mois , quoiqu'i l con- tinuât de réclamer une somme d'un demi-mil- lion avancée, disait-il , au gouvernement. Il est probable que les soupçons répandus contre lui étaient l'ouvrage des inimitiés personnelles que , malgré sa réserve, il s'était attirées : malheur iné- vitable dans le rôle qu'il joue sur la flotte fran- çaise , et auprès de M. d'Orvilliers , dans la cam- pagne de 1779. Il ne put s'empêcher de mon- trer un vif chagrin sur des fautes, sur des abus,

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