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car, dans l'effervescence des esprits à Liège, il n'est pas douteux que si les Prussiens se fussent pré- sentés en ennemis , le peuple liégeois, courageux , accoutumé aux armes , enthousiasmé de sa liberté nouvelle , ne se fût porté à des extrémités jus- tifiées par le désespoir. IMais c'est ce qui ne pou- vait arriver , d'après la sage détermination que le roi avait prise. Le décret de Wetzlar portait que les forces militaiVes seraient employées à rétablir l'ordre et la tranquillité publique. On sait ce que veulent dn^e ces mots en style diplomatique. Il plut au roi de leur donner un sens plus humain , de purifier au lieu d'égorger , de se porter pour médiateur entre le prince et ses sujets, et non de sacrifier les sujets aux conseillers du prince. C'est cette conduite qu'on blâme dans piusieus cours d'Allemagne; et c'est elle que M. de Dohm entre- prend de justifier. C'est ce qu'il fait par l'exposé de toutes les circonstances qui ont nécessité des mesures aussi sages qu'humaines. Il fait voir qu'en s'attachant au fond plus (ju'aux formes , en négli- geant les accessoires pour l'c'ssentiel, en se confor- mant aux idées premières de justice et de raison, il avait en même temps satisfait à toutes les con- sidérations de la politique; qu'en épargnant le sang en de pareilles circonstances, il avait servi l'Alle- magne et prévenu une alliance dangereuse entre les Liégeois et les lîrabaurons, alliance qui eût fait naître à Liège une doubh; guerre civile, des Lié- geois avec eux-mêmes , et des Liégeois avec l'Aile-

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