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AVANT-PROPOS. V

nations, il porte dans ses récits le feu et la cha- leur de tout ce qu’il voit *de tout ce qu’il entend. Il faut se reporter au temps où cet ouvrage fut composé, se pénétrer des opinions de l’auteur, se rappeler les circonstances de sa vie, ce qu’il pen- sait de la société telle qu’il la voyait organisée avant la révolution, la haine implacable que dans l’ivresse de l’amour-propre il avait vouée à cer- taines conditions. Les excès d’une populace ef- frénée ne sont pour lui que de justes représailles de ce que le peuple a eu à souffrir, pendant tant de siècles, de quelques castes privilégiées. I ven- geance est permise à qui a si long-temps gémi dans l’oubli de ses droits. L’incendie qui consume l’édifice social, ne fait qu’éclairer le triomphe de la lil>erté. La France est en travail d’une régéné- ration politique; Chamfort s’en est promis les plus heureux résultats : cette pensée l’absorbe tout entier ; il ne voit dans tous les événemens qui se pressent autour de lui, que le concours de tout un peuple à hâter l’enfantement de la liberté. C’est vainement que le sang innocent a coulé, que le trône est ébranlé jusqu’en ses fondemens, que la couronne chancelle sur le front des rois, que l’anarchie dresse une tète altière, et que les ins- titutions s’écroulant ne laissent après elles que le désordre : tranquille au milieu de leurs ruines, il ressemble aux filles d’Œson, qui attendent des maléfices de Médée le rajeunissement de leur vieux père. On assure que c’est Chamfort qui dit,