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Les trois frères Imperatori appellent François 1er en Italie, et s’engagent à lui en ouvrir les barrières. Campanella, moine calabrois, conçoit la folle idée d’ériger Naples en république, et porte partout l’étendard de la révolte. Alessi brave la puissance législative, et oblige les souverains à révoquer un impôt sur les grains. En vain un insensé gouverneur de Palerme, forcé de diminuer le prix du bled, crut y suppléer en diminuant le poids du pain.

Mais l’histoire ne nous présente pas de calamités aussi effrayantes que celle où Mazaniello plongea ce royaume ; cet homme de la plus basse extraction, alliant à un caractère féroce une âme téméraire et hardie, entreprit de faire abolir les impositions que le duc d’Arcos, alors vice-roi de Naples, venait de mettre sur les fruits et les légumes, nourriture ordinaire du peuple. Le 7 juillet 1647, s’étant mis à la tète d’une troupe de mécontens, tous gens de son état, et aussi déterminés que lui, le nombre des séditieux augmenta bientôt à tel point que le duc d’Arcos fut obligé de se réfugier dans une des principales forteresses de la ville.

Encouragés par cette faiblesse du vice-roi, les révoltés, au nombre de plus de cinquante mille, ayant mis Mazaniello à leur tète, se portèrent à tous les excès et tous les désordres dont est capable une multitude effrénée ; les prisons furent ouvertes, les maisons des principaux nobles livrées