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nonce : exclusion tacite, maïs cruelle qui le ven- geait d’un souverain son rival.

Le roi Jacques, avili par une longue captivité, haï de la reine et méprisé de son peu})le, libre enfin, repasse en France, comte de la Marche, et va mourir moine au fond (fun cloître.

On aj)pelle contre le pouvoir de Caraccioli, appuyé de la reine, un Louis m, duc d’Anjou, contre lequel Jeanne appelle à son tour Alphonse, roi d’Aragon et de Sicile, qu’elle adopte pour son héritier; mais bientôt elle est forcée d’adopter, contre cet Alphonse, ce même Louis ni qui ve- nait d’être battu par lui : alternatives d’adoptions, qui furent plus funestes à Jearnie que la variété de ses galanteries.

Après ces troubles, où s’était consumée la jeu- nesse de la souveraine et du favori, le favori n’ai- mant plus, n’étant plus aimé, eut l’imprudence de se croire encore nécessaire. Un jour, il exigeait de Jeanne inie grâce nouvelle, et la demandait avec fierté. Surpris d’un refus, le premier qu’il eût reçu d’elle, il se livra à toute la violence de son emportement ; et la reine porta les marques d’un outrage impardonnable à l’amour même. Les courtisans obtinrent de la reine l’ordre d’ar- rêter son ancien favori.

La haine publique alla plus loin que son ordre ; et Caraccioli fut massacré. La reine ne lui survé- cut pas long-temps. Avant de mourir, elle avait vu descendre au tombeau Louis ui d’Anjou, dont elle