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JJO OEUVRES

tisme, ne voulaient qu’une modification (i) dans le gouvernement, cherchèrent à faire porter par l’assemblée nationale un décret qui, réprimant l’effervescence populaire, eût laissé les représen- tans du peuple exposés sans défense aux attaques du despotisme, encore armé d’une grande puis- sance. Ce ne fut pas sans peine que Mirabeau para ce coup ; et ce n’est pas ini des moindre services qu’il ait rendus à la révolution. Il opposa à ces crimes récens du peuple les crimes anciens et nouveaux des despotes de toute espèce, qui avaient poussé la multitude à cet excès de rage. Il s’étonne que la prise de la Bastille et la révélation de tant d’atrocités des ministres n’aient pas rendu le peuple aussi cruel qu’eux mêmes. « La colère du peuple, s’écrie-t-il ! Ah ! si la colère du peuple est terrible, c’est le sang froid du despotisme qui est atroce ; ses cruautés systématiques font plus de malheu- reux en un jour que les insurrections populaires n’immolent de victimes pendant des années. Le peuple a puni quelques-uns que le cri public lui désiijnait comme les auteurs de ses maux. Mais qu’on nous dise s’il n’eut pas coulé plus de sang dans le triomphe de nos ennemis, ou avant que la victoire fut décidée ! »

(i) Voyez le discours de M. Lalli-Tolendal, dans la séance du Il juillet 1789.