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— Voici une anecdote que j’ai ouï conter a INI. de Clermont-Tonnerre sur le baron de Breteuil. Le baron, qui s’intéressait à M. de Clermont- Tonnerre, le grondait de ce qu’il ne se montrait pas assez dans le monde, (f J’ai trop peu de fortune, répondit M. de Clermont. — Il faut emprunter : vous payerez avec votre nom. — Mais, si je meurs. — Vous ne mourrez pas. — Je l’espère ; mais enfin, si cela arrivait? — Eh bien ! vous mourriez avec des dettes, comme tant d’autres.— Je ne veux pas mourir banqueroutier. — Monsieur, il faut aller dans le monde : avec votre nom, vous devez arri- ver à tout. Ah! si j’avais eu votre nom! — Voyez à quoi il me sert. — C’est votre faute. Moi, j’ai emprunté ; vous voyez le chemin que j’ai fait, moi qui ne suis qu’un pied-plat.y> Ce mot fut ré- pété deux ou trois fois, à la grande surprise de l’auditeur, qui ne pouvait comprendre qu’on parlât ainsi de soi-même.

— Cailhava qui, pendant toute la révolution, ne songeait qu’aux sujets de plaintes des auteurs contre les comédiens, se plaignait à un homme de lettres lié avec plusieurs membres de l’assem- blée nationale, que le décret n’arrivait pas. Celui- ci lui dit : « Mais pensez-vous qu’il ne s’agisse ici que de représentations d’ouvrages dramatiques? — Non, répondit Cailhava ; je sais bien qu’il s’agit aussi d’impression. »

— Quelque temps avant que Louis xv fût ar- rangé avec madame de Pompadour, elle courait