Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t2.djvu/296

Cette page n’a pas encore été corrigée

DE CHAAIFORT. 285

n’avait point encore appris à ne plus permettre aux agens de l’autorité ce ton d’une bonté pro- tectrice. Toutefois celui de l’assemblée et le mou- Aement général des esprits lui firent bientôt pren- dre un laniraçre plus conforme aux circonstances. Il déclara que, pour continuer les fonctions qui lui avaient été confiées par le roi, il voulait y être confirmé par le suffrage de ses concitoyens. Les acclamations de l’assemblée lui rendirent l’au- torité qu’il abdiquait. Aussitôt il travailla avec le bureau de la ville et avec les électeurs au règle- ment et aux mesures qu’exigeait la sûreté pu- blique. JMais dans l’assemblée générale, comme dans les comités qui se formèrent ensuite, il n’eut que sa voix ; circonstance qui dut paraître dure à un homme dès long-temps imbu des maximes de l’autorité arbitraire, et qui, dans les places de maître des requêtes, d’intendant de province, écoles subalternes de la tyrannie, s’était rempli d’un profond mépris pour le peuple. Il paraît, par sa conduite, qu’il regardait cette in- surrection comme tant d’autres mouvemens popu- laires qui, sous les règnes précédens, s’étaient terminés par le triomphe du pouvoir, la punition de quelques malheureux, et la fortune de quel- ques intrigans. Telle était en effet jusqu’alors la leçon de l’histoire, du moins en France ; et la dif- férence des époques, les approches d’une révo- lution née d’un grand accroissement de lumières publiques, étaient des idées trop supérieures aux