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plets contre M. le duc de Nivernois. Il sollicita l’académie en 1780, et alla chez M. de Nivernois, qui le reçut à merveille, lui parla du succès de ses derniers ouvrages, et le renvoyait comblé d’espérances, lorsque, voyant M. de Tressan prêt à remonter en voiture, il lui dit : « Adieu, monsieur le comte, je vous félicite de n’avoir pas plus de mémoire. »

— Le maréchal de Biron eut une maladie très-dangereuse : il voulut se confesser ; et dit devant plusieurs de ses amis : « Ce que je dois à Dieu, ce que je dois au roi, ce que je dois à l’état »… Un de ses amis l’interrompit : « Tais-toi, dit-il, tu mourras insolvable. »

— Duclos avait l’habitude de prononcer sans cesse en pleine académie, des f…, des b… ; l’abbé du Renel, qui, à cause de sa longue figure, était appelé un grand serpent sans venin, lui dit : « Monsieur, sachez qu’on ne doit prononcer dans l’académie que des mots qui se trouvent dans le dictionnaire. »

M. de L… parlait à son ami M. de B…, homme très-respectable, et cependant très-peu ménagé par le public ; il lui avouait les bruits et les faux jugemens qui couraient sur son compte. Celui-ci répondit froidement : « C’est bien à une bête et à un coquin comme le public actuel, à juger un caractère de ma trempe ! »

— M… me disait : « J’ai vu des femmes de tous les pays ; l’Italienne ne croit être aimée de son