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adresse il me montre les applications générales de son sujet dans le badinage même de son style? Voilà sans doute un de ses secrets ; voilà ce qui rend sa lecture si attachante , même pour les es- prits les plus élevés : c'est qu'à propos du dernier insecte, il se trouve, plus naturellement qu'on ne le croit, près d'une grande idée , et qu'en effet il touche au sublime en parlant de la fourmi. Et craindrais-je d'être égaré par mon admiration pour La Fontaine, si j'osais dire que le système abstrait, tout est bien ^ paraît peut-être plus vrai- semblable et surtout plus clair après le discours de Garo dans la fable de la Citrouille et du Glcuul, qu'après la lecture de Leibnitz et de Pope lui- même ?

S'il sait quelquefois simplifier ainsi les questions les plus compliquées, avec quelle facilité la mo- rale ordinaire doit-elle se placer dans ses écrits? Elle y naît sans effort , comme elle s'y montre sans faste, car La Fontaine ne se donne point pour un philosophe , il semble même avoir craint de le paraître. C'est en effet ce qu'un poète doit le plus dissimuler. C'est, pour ainsi dire, son se- cret ; et il ne doit le laisser surprendre qu'à ses lecteurs les plus assidus et admis à sa confiance intime. Aussi La Fontaine ne veut-il être qu'un homme , et même un homme ordinaire. Peint-il les charmes de la beauté ?

In philosophe , un marbre , une statue , •

Auraient senti comme nous ses plaisir».

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