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rapports entre plusieurs personnages de Molière et d’autres (Je La Fontaine ; montrer en eux des ressemblances frappantes dans la marche et dans le langage des passions (i) ; mais, négligeant les détails de ce genre , j’ose considérer l’auteur des fables d’un point de vue plus élevé. Je ne cède point au vain désir d’exagérer mon sujet, maladie trop commune de nos jours; mais, sans méconnaître l’intervalle qui sépare l’art si simple de l’apologue, et l’art si compliqué de la comédie, j’observerai, pour être juste envers La Fontaine, que la gloire d’avoir été avec Molière le peintre le plus fidèle de la nature et de la société, doit rapprocher ici ces deux grands hommes. Molière, dans chacune de ses pièces , ramenant la peinture des mœurs à un objet philosophique, donn*.; à la co-

(i) Qui peint le mieux, par exemple, les effets de la prévention , ou M. de Soteuvilie repoussant un homme à jeun, en lui disant : neiirez-vous, vous puez le vin ; ou l’ours, qui, s’écartant d’un corps qu’il prend pour un cadavre , se dit à lui-même : Otons-nous ; car il sent ? Et le chien dont le raisonnement serait fort bon dans la bouche d’un maître , mais, qui n’étant que d’un simple chien , fut trouvé mauvais, ne rappelle-t-il pas Sosie ?

Tous mes discours sont des sottises.
Partant d’un homme sans éclat :
Ce seraient paroles exquises.
Si c’était un grand qui parlât.

On pourrait rapprocher plusieurs traits de cette espèce ; mais il suffit d’en citer quelques exemples. La Fontaine est, après la nature et Molière, la meilleure étude d’un poète comique.