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— En France, il n’y a plus de public ni de nation, par la raison que de la charpie n’est pas du linge.

— Le public est gouverné comme il raisonne. Son droit est de dire des sottises, comme celui des ministres est d’en faire.

— Quand il se fait quelque sottise publique, je songe à un petit nombre d’étrangers qui peuvent se trouver à Paris ; et je suis prêt à m’affliger, car j’aime toujours ma patrie.

— Les Anglais sont le seul peuple qui ait trouvé le moyen de limiter la puissance d’un homme dont la figure est sur un petit écu.

— Comment se fait-il que, sous le despotisme le plus affreux on puisse se résoudre à se reproduire ? C’est que la nature a ses lois plus douces mais plus impérieuses que celles des tyrans ; c’est que l’enfant sourit à sa mère sous Domitien comme sous Titus.

— Un philosophe disait : « Je ne sais pas comment un Français qui a été une fois dans l’antichambre du roi, ou dans l’œil-de-bœuf, peut dire de qui que ce puisse être : « C’est un grand seigneur. »

— Les flatteurs des princes ont dit que la chasse était une image de la guerre ; et en effet, les paysans dont elle vient de ravager les champs, doivent trouver qu’elle la représente assez bien.

— Il est malheureux pour les hommes, heureux peut-être pour les tyrans, que les pauvres,