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— Spéron-Spéroni explique très-bien comment un auteur qui s’énonce très-clairement pour lui-même, est quelquefois obscur pour son lecteur : « C’est, dit-il, que l’auteur va de la pensée à l’expression, et que le lecteur va de l’expression à la pensée. »

— Les ouvrages qu’un auteur fait avec plaisir, sont souvent les meilleurs ; comme les enfans de l’amour sont les plus beaux.

— En fait de beaux-arts, et même en beaucoup d’autres choses, on ne sait bien que ce que l’on n’a point appris.

— Le peintre donne une âme à une figure, et le poète prête une figure à un sentiment et à une idée.

— Quand La Fontaine est mauvais, c’est qu’il est négligé ; quand Lamothe l’est, c’est qu’il est recherché.

— La perfection d’une comédie de caractère consisterait à disposer l’intrigue, de façon que cette intrigue ne pût servir à aucune autre pièce. Peut-être n’y a-t-il au théâtre que celle du Tartuffe qui pût supporter cette épreuve.

— Il y aurait une manière plaisante de prouver qu’en France les philosophes sont les plus mauvais citoyens du monde. La preuve, la voici : C’est qu’ayant imprimé une grande quantité de vérités importantes dans l’ordre politique et économique, ayant donné plusieurs conseils utiles, consignés dans leurs livres, ces conseils ont été