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par lequel ils semblent dominés, qu’ils ne gouvernent pas, et qui n’est point aux ordres de leur raison.

— Je dirais volontiers des métaphysiciens, ce que Scaliger disait des Basques : « On dit qu’ils s’entendent ; mais je n’en crois rien. »

— Le philosophe qui fait tout pour la vanité, a-t-il droit de mépriser le courtisan qui fait tout pour l’intérêt ? Il me semble que l’un emporte les louis d’or, et que l’autre se retire content après en avoir entendu le bruit. D’Alembert, courtisan de Voltaire, par un intérêt de vanité, est-il bien au-dessus de tel ou tel courtisan de Louis xiv, qui voulait une pension ou un gouvernement ?

— Quand un homme aimable ambitionne le petit avantage de plaire à d’autres qu’à ses amis (comme le font tant d’hommes, surtout de gens de lettres, pour qui plaire est comme un métier), il est clair qu’il ne peut y être porté que par un motif d’intérêt ou de vanité. Il faut qu’il choisisse entre le rôle d’une courtisane et celui d’une coquette, ou, si l’on veut, d’un comédien. L’homme qui se rend aimable pour une société, parce qu’il s’y plaît, est le seul qui joue le rôle d’un honnête homme.

— Quelqu’un a dit que de prendre sur les anciens, c’était pirater au-delà de la ligne ; mais que de piller les modernes, c’était filouter au coin des rues.

— Les vers ajoutent de l’esprit à la pensée de