Page:Chamfort - Œuvres complètes éd. Auguis t1.djvu/444

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mais l’amour-propre, bien connu, appartient à la nature bien ordonnée.

— Les femmes ne donnent à l’amitié que ce qu’elles empruntent à l’amour.

— Une laide, impérieuse, et qui veut plaire, est un pauvre qui commande qu’on lui fasse la charité.

— L’amant, trop aimé de sa maîtresse, semble l’aimer moins, et vice versâ. En serait-il des sentimens du cœur comme des bienfaits ? Quand on n’espère plus pouvoir les payer, on tombe dans l’ingratitude.

— La femme qui s’estime plus pour les qualités de son âme ou de son esprit que pour sa beauté, est supérieure à son sexe. Celle qui s’estime plus pour sa beauté que pour son esprit ou pour les qualités de son âme, est de son sexe. Mais celle qui s’estime plus pour sa naissance ou pour son rang que pour sa beauté, est hors de son sexe et au-dessous de son sexe.

— Il paraît qu’il y a dans le cerveau des femmes une case de moins, et dans leur cœur une fibre de plus que chez les hommes. Il fallait une organisation particulière, pour les rendre capables de supporter, soigner, caresser des enfans.

— C’est à l’amour maternel que la nature a confié la conservation de tous les êtres ; et, pour assurer aux mères leur récompense, elle l’a mise dans les plaisirs, et même dans les peines attachées à ce délicieux sentiment.