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— Une âme fière et honnête, qui a connu les passions fortes, les fuit, les craint, dédaigne la galanterie ; comme l’âme qui a senti l’amitié, dédaigne les liaisons communes et les petits intérêts.

— On demande pourquoi les femmes affichent les hommes ; on en donne plusieurs raisons dont la plupart sont offensantes pour les hommes. La véritable, c’est qu’elles ne peuvent jouir de leur empire sur eux que par ce moyen.

— Les femmes d’un état mitoyen, qui ont l’espérance ou la manie d’être quelque chose dans le monde, n’ont ni le bonheur de la nature, ni celui de l’opinion : ce sont les plus malheureuses créatures que j’aie connues.

— La société, qui rapetisse beaucoup les hommes, réduit les femmes à rien.

— Les femmes ont des fantaisies, des engoûmens, quelquefois des goûts ; elles peuvent même s’élever jusqu’aux passions : ce dont elles sont le moins susceptibles, c’est l’attachement. Elles sont faites pour commercer avec nos faiblesses, avec notre folie, mais non avec notre raison. Il existe, entre elles et les hommes, des sympathies d’épiderme, et très-peu de sympathies d’esprit, d’âme et de caractère. C’est ce qui est prouvé par le peu de cas qu’elles font d’un homme de quarante ans ; je dis, même celles qui sont à peu près de cet âge. Observez que, quand elles lui accordent une préférence, c’est toujours d’après quelques vues