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illustres, ne peut plus être un mérite pour personne, dans un pays où l’on plaît souvent par ses vices, et où l’on est quelquefois recherché pour ses ridicules.

— Il y a des hommes qui ne sont point aimables, mais qui n’empêchent pas les autres de l’être : leur commerce est quelquefois supportable. Il y en a d’autres qui n’étant point aimables, nuisent encore par leur seule présence au développement de l’amabilité d’autrui ; ceux-là sont insupportables : c’est le grand inconvénient de la pédanterie.

— L’expérience, qui éclaire les particuliers, corrompt les princes et les gens en place.

— Le public de ce moment-ci est, comme la tragédie moderne, absurde, atroce et plat.

— L’état de courtisan est un métier dont on il voulu faire une science. Chacun cherche à se hausser.

— La plupart des liaisons de société, la camaraderie, etc., tout cela est à l’amitié ce que le sigisbéisme est à l’amour.

— L’art de la parenthèse est un des grands secrets de l’éloquence dans la société.

— À la cour tout est courtisan : le prince du sang, le chapelain de semaine, le chirurgien de quartier, l’apothicaire.

— Les magistrats chargés de veiller sur l’ordre public, tels que le lieutenant-criminel, le lieutenant-civil, le lieutenant de police, et tant